Manger moins : le réflexe universel

Vous pouvez le voir partout autour de vous ou l’entendre dans n’importe quelle conversation de la vie de tous les jours : le fait de moins manger est le tout premier réflexe, la réaction quasi-automatique d’une personne qui décide consciemment de perdre du poids.

Et on est tous d’accord : c’est vrai que le fait de moins manger peut avoir de très bons résultats sur la perte de poids tant convoitée !

Mais ce réflexe est tellement universel et simple à appliquer qu’il peut être mis en oeuvre à tort et à travers par n’importe quelle personne plus ou moins inconsciente des effets de son acte à plus ou moins long terme.

Moins manger est souvent inefficace sur le long terme

Comme nous l’avons déjà vu dans un article précédent, tout ce qui ressemble de près ou de loin à un régime hypocalorique est voué, tôt ou tard, à un échec plus ou moins douloureux.

Cela est dû au fait que notre corps s’adapte tellement bien aux restrictions caloriques qu’il parvient à faire d’un danger (moins manger est perçu comme un danger pour le corps) une opportunité pour faire davantage de stocks de graisse.

Effectivement, il lui est possible de créer des stocks de graisse même si vous persistez à moins manger sur le long terme, et donc à ingurgiter moins de calories. Il lui suffit de modifier légèrement son métabolisme pour s’adapter à ce nouveau « standard » d’apport de calories…

Par conséquent, il est inutile de vouloir mettre le corps en (situation qu’il perçoit comme un) danger en voulant lui donner le moins possible de quoi manger. C’est de cette manière qu’ont commencé bien des problèmes de prise de poids et d’effets yoyo interminables.

Une étude cite des chiffres à ce propos : il semblerait que, 2 ans après un régime, 80% des personnes reprennent leur poids d’origine. Pire : si on prend un recul de 4 à 5 ans, ce taux d’échec ne s’élève plus à 80% mais bien à 90% !

Et le plus souvent, ces personnes reprennent plus de poids qu’elles n’en avaient perdu…

En plus, comme elles se privent d’aliments dont elles auraient en réalité peut-être besoin, elles commencent à être frustrées. Cette frustration qui s’accumule engendre des « craquages » qui n’ont aucun effet bénéfique, ni sur la ligne (et encore), ni sur le moral.

Moins manger peut parfois diminuer l’espérance de vie

Je vois d’ici la réflexion du petit rigolo en lisant le sous-titre ci-dessus : « Oui, si on mange moins, par exemple si on ne mange plus du tout, on meurt ! Et là, ça raccourcit clairement l’espérance de vie 😉 »

Mais je ne parlais pas de ça (évidemment) !

Non, je parlais d’une étude qui a été faite récemment sur deux lignées de souris génétiquement modifiées : une lignée obèse/grasse, et une lignée mince.

Il ressort de cette étude que la lignée grasse a une espérance de vie clairement plus grande si elle mange moins. Ce qui n’est pas le cas de la lignée mince : si on l’oblige à moins manger, elle ne prolongera pas sa durée de vie.

Pire : une étude de 2003 a montré que pour des souris âgées, le fait de moins manger raccourcissait leur durée de vie. Ce qui montre bien que l’exercice n’est pas excellent pour la santé.

Ce qui est vrai pour des souris est globalement vrai pour l’espèce humaine également. Ce qui veut dire que toutes les personnes qui font des régimes sans vraiment en avoir besoin (et il y en a pas mal) sont en train de se ruiner doucement la santé…

Moins vous mangez -dans le souci de faire un régime- plus vous mettez votre corps à l’épreuve et plus vite vous allez l’user.

Conclusion : avant de vous dire que vous allez moins manger, …

Avant de vous dire que vous allez moins manger pour perdre du poids, prenez le temps de voir si c’est une bonne idée pour vous. Ce n’est pas simplement en mangeant moins que vous allez résoudre vos problèmes de poids.

Voyez s’il n’existe pas d’autres solutions que vous pourriez explorer. Essayez de savoir quelle est la cause première de votre prise de poids.

Si vous avez pris trop de poids, ce n’est pas nécessairement parce que vous avez trop mangé ou mal mangé. Il se peut aussi que votre état psychologique ou émotionnel soit en cause.

Dans mes prochains articles, je vais aborder ce rôle plus émotionnel que la nourriture peut jouer dans notre alimentation. Si ce genre de sujet vous intéresse, revenez voir le blog dans les semaines à venir !

La dernière nouvelle, pour aller plus loin :

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Didier Henry

De formation "juridico-économique", j'ai grandi dans une famille de médecins et je suis aujourd'hui graphiste. Un parcours santé inhabituel m'a donné l'idée de créer ce blog. Mon "credo" : c'est en apprenant et en comprenant comment fonctionne son corps qu'on parvient à maîtriser ses éventuelles insuffisances. Et c'est en appliquant ce qu'on a appris qu'on se libère de "nos petits malheurs" ;-)

Cet article a 14 commentaires

  1. Didier, je te dis merci ! Ah oui alors ! Je suis à fond pour ce que tu écris !
    Les quelques fois où j’ai essayé de manger moins, ça c’est résumé à des prises de tête et encore plus de craquages !
    Mon truc ? La pleine conscience (apprise au village des pruniers, du moine bouddhiste Thich Nhat Hanh), soit être conscient de ce que l’on mange, le savourer, prendre le temps de mâcher la nourriture et de se rappeler tout ce qui l’a amenée dans notre assiette…
    Bon, pas forcément facile à faire quand on mange en famille, avec les enfants qui me sollicitent. Mais je trouve ça génial pour prendre conscience de comment nous nourrissons notre corps… Le reste viendra petit à petit sans s’en rendre compte (élimination des cochonneries etc..) par cette pleine conscience !
    Merci pour ce point de vue !

    1. Bonjour Aude,

      La « pleine conscience » : voilà qui devrait être remis au goût du jour… Ce n’est pas dans une vie où l’on manque de temps à tout moment qu’on pourra faire les choses en pleine conscience. Le stress empêche de savourer ce qu’on mange, malheureusement. Mais je suis entièrement d’accord avec le principe que tu énonces. Faire les choses en conscience permet de se recentrer sur l’essentiel…

      Merci pour ta remarque !

  2. C’est pour ça d’ailleurs que je suis totalement contre le soit disant docteur DUKAN qui fait fureur avec son régime, qui justement contient beaucoup d’aspects négatifs cités dans cet article!

    1. Salut Farid,

      Tout à fait d’accord avec toi. Je ne comprends absolument pas pourquoi le régime Dukan a tellement de succès. Il n’est pas bon pour la santé et même s’il a des effets sur le court terme, je doute qu’il soit efficace sur le long terme.

  3. Gagoo

    Ok lorsqu’on mange moins le corps s’adapte à ce nouvel apport calorique et après on est confronté à l’effet yoyo… Alors lorsqu’on est tombé dans cette erreur, comment s’en sortir et retrouver un apport calorique « normal » sans prendre un maximum de poids ?
    Et si l’on fait du sport, le corps ne s’adaptera-t-il pas également de la même manière à un apport calorique final moins important ? Est-ce que l’on continue à perdre du poids même après plusieurs semaines voire plusieurs mois de sport quotidien ? J’ai vraiment envie de perdre du poids, mais j’ai aussi beaucoup de questions !

    1. Bonjour Gagoo,

      Merci pour tes questions et bienvenue sur ce blog ! 🙂

      L’effet yoyo vient surtout du fait de recommencer brutalement à manger « normalement » après une période de restriction intense. En changeant graduellement son alimentation vers un apport « normal », l’effet yoyo devrait être beaucoup moins important… Personne ne le fait : c’est tout aussi dur que de se restreindre et il serait normal de reprendre un peu de poids.

      Le sport (et la stimulation des muscles) augmente le métabolisme basal. En mangeant comme d’habitude, il permet de brûler davantage de calories, ce qui demande au corps d’aller puiser progressivement dans ses réserves.

      Est-ce que j’ai répondu à tes questions ?

      A bientôt,

      Didier

      1. Gagoo

        Merci pour ces réponses, et merci pour ce blog qui m’apporte beaucoup de motivation ! J’espère que tu continueras longtemps car je compte bien lire absolument tous les articles !

        1. Bonjour Gagoo,

          Merci pour ton enthousiasme ! 🙂
          C’est génial de lire des commentaires comme le tien.

          A bientôt,

          Didier

  4. Bonjour
    On peut manger moins tout en mangeant équilibré , en donnant à notre organisme les nutriments essentiels et en limitant au maximum les aliments « néfastes » ; si manger moins , c’est éliminer les excès et si on en fait un principe de nutrition , on peut , peut -être échapper à l’effet yoyo ??
    CordialemenT
    Janine CESAIRE

  5. Bonjour Didier,

    Manger moins et dépenser plus de calories ne peut être qu’une solution pour les personnes qui mangent trop par rapport à ce qu’elles dépenses. J’ai vu des cas extraordinaires à la télé de gens qui ont perdu «énormément» de poids en changeant leurs habitudes et je ne parle pas d’émissions sensationnalistes. Ils ont changé radicalement leur façon de percevoir la nourriture et ont pris l’engagement définitif de perdre du poids.

    Ça ne doit pas être évident pour tous ceux qui ont du poids à perdre, j’en conviens.

    Comme tu le dis, l’aspect psychologique est extrêmement important.

    Moi, je n’ai pas de problème de poids mais j’ai tout de même des restrictions alimentaires pour des questions de santé.

    Amicalement,

    Sco! 🙂

  6. Salut Didier,

    Oui mais alors, si manger moins est dangereux, il vaut mieux manger plus!

    Je le savais!

    Je vais envoyer baladées ma diététicienne et je cours acheter deux kilos de chocolat.

    J’ai bien un petit doute, mais je ne cherche pas l’erreur, pour moi, c’est bon comme ça.

    On verra plus tard.

    @+
    Christian.

    1. Salut Christian,

      Tu comprends tout de travers ! 😉

      Ça ne sert à rien d’acheter deux kilos de chocolat si tu ne sens pas que tu en as besoin… ‘Faut pas se forcer comme ça… C’est pas bon pour ton bidon !

      Allez, à+, et sois sage.

      Didier

  7. Bonjour Didier,

    Je suis mitigé. S’il est clair que torturer son corps que ce soit par excès ou par défaut de nourriture n’est pas une bonne idée.

    J’ai cependant lu les résultats de plusieurs études qui tendent à prouver que manger trop peu est infiniment meilleur pour la longévité que de manger selon le régime trop riche de nos contrées.
    Mieux, ces études démontrent que des personnes ayant vécu des périodes de carences alimentaires voyaient leur espérance de vie augmenter.

    Comme pour beaucoup de choses, je pense que le mental doit avoir un énorme impact sur le résultat. En ce sens, je me demande si limiter son alimentation en sachant, en étant convaincu, en disant à son corps « panique pas… tu n’est pas en danger. Tu ne vas pas mourir de faim, je mets seulement la chaudière au ralenti » ne permettrait pas de simplement ajuster son poids, sans conséquence dommageable.

    La constante : être bien dans son corps et dans sa tête.

    1. Bonjour Thierry,

      Merci pour ton commentaire et bienvenue sur ce blog 🙂

      Il est vrai que notre corps est bien mieux adapté à la pénurie de nourriture qu’à une surabondance de nourriture. Ce n’est que très récent dans l’histoire de l’humanité que nous ayons un si grand choix de nourriture…

      Ta remarque concernant l’intervention et la gestion du mental dans un processus de perte de poids est très intéressante et très juste. Ça serait une bonne idée de faire subir un « entrainement mental » à des personnes qui doivent perdre du poids, pour voir si ça influence significativement les résultats… A creuser…

      A bientôt,

      Didier

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