La suite des aventures d’Augustine…

Dans l’article de la semaine dernière, nous avions vu comment Augustine en était arrivée à transformer une petite envie sans importance en un énorme excès alimentaire très culpabilisateur

Petit résumé introductif

A ce stade, Augustine a intellectualisé son alimentation en considérant que certains aliments étaient autorisés et d’autres non. L’idée même de faire cette catégorisation est assez absurde, et, partant de là, les raisonnements qu’elle va faire par la suite n’auront pas beaucoup de sens.

Elle considèrera par exemple que, plutôt de prendre un peu d’un aliment non autorisé dont elle a envie, il vaut mieux prendre une bonne quantité d’un aliment autorisé pour faire passer son envie. Ce stratagème échoue puisque non seulement son envie ne passe pas (et elle craque), mais en plus son cruel manque de chocolat (dont elle compte se passer aussi à l’avenir !) la pousse à « faire des réserves » comme si elle était dans une situation de famine.

Tout ce mécanisme inconscient fait partie du deuxième stade de ce qu’on a appelé la restriction cognitive. Si vous vous reconnaissez un peu dans ces descriptions -et même sans ça, lisez la suite ! Nous passons au troisième stade :

3/ « Je ne sais plus si j’ai encore faim ou si j’ai assez mangé »

Le cas d’Augustine s’aggrave. Quelques temps après s’être aperçue que son envie de manger ne coïncidait pas vraiment avec sa vraie faim, elle se rend compte qu’en réalité elle ne sait plus dire quand elle a faim.

Pire : quand elle mange, elle est incapable de dire à quel moment elle doit arrêter. Elle ne sent plus quand elle est rassasiée. Quand s’arrête-t-elle ?

  • Quand elle se sent lourde, c’est-à-dire quand elle a déjà trop mangé.
  • Ou alors, quand elle pense qu’elle assez mangé.

Ce ne sont pas seulement les aliments « interdits » qu’elle avale en trop grande quantité. Elle a des difficultés à s’arrêter de manger même avec mes aliments plus inoffensifs… Cette absence de limite est donc généralisée à toute son alimentation. La seule limite qui reste, c’est le volume de nourriture que son estomac peut accepter.

Les pensées prennent le dessus

Puisqu’elle n’a plus aucune sensation, Augustine est obligée de les remplacer par des pensées ou des sensations imaginées. Voyez le défi qui s’offre à elle : elle doit manger avec son esprit et plus avec son ventre…

J'ai trop mangé, mais ces petites choses me font envie
"J'ai bien envie de manger encore un peu, mais je me dis que j'ai trop mangé..." Quand les sensations alimentaires ont disparu, les mangeurs restreints peuvent devenir très peu tolérants avec eux-mêmes

Et quand l’esprit contrôle, tout va plus vite, tout va plus loin. Cette perte de sensation entraîne donc un renforcement des interdits alimentaires.

« Puisqu’il est si difficile de s’arrêter de manger, mieux vaut manger des aliments pauvres en calories (=autorisés) ». Quand l’occasion se présente à elle, Augustine préfèrera donc se passer complètement de fromage plutôt que d’en prendre un petit peu.

Obsédée par son poids et son alimentation

Puisque tout devient réfléchi, la situation est analysée de manière beaucoup plus logique, cartésienne. Finalement, les obsessions font leur apparition.

« Il faut un critère objectif qui me montre explicitement que je suis dans le bon », se dit Augustine. Voilà pourquoi elle va se peser trois fois par jour sur sa balance. La balance : voilà une de ses obsessions.

Par ailleurs, elle pense constamment aux repas qu’elle a pris pendant la journée, depuis le matin jusqu’au soir. Ces pensées l’empêchent parfois de travailler. Plus elle y pense et plus elle s’acharne pour ne pas être tentée.

Mais plus elle résiste, plus les bonnes résolutions doivent se renforcer, plus les obsessions prennent de l’ampleur et plus les compulsions se rapprochent.

Faire un choix, c’est énervant

Le plus dur quand on s’interdit tout, c’est de faire un choix. Quand on intellectualise sa nourriture, il faut être prêt à faire de savants calculs :

« Quelle quantité puis-je prendre de cet aliment qui fait grossir ? Si j’en prends, de quoi devrai-je me passer par la suite ? Vaut-il mieux prendre quelque chose qui me fait plaisir ou quelque chose qui m’empêche de grossir ? Comment rattraper mon écart sur le restant de la journée ? etc. »

Les jours se succèdent et les obsessions s’épanouissent comme une fleur au printemps.

Un beau jour, on se rend compte qu’Augustine et décidément de plus en plus souvent de mauvaise humeur. Elle s’énerve beaucoup plus facilement. Ce n’est pas étonnant. Elle a perdu toute sa liberté alimentaire. Avant de commencer le moindre repas, elle se soucie de tous les autres repas de sa journée. Elle se prive de tas de choses et sa jovialité en a pris un coup !

4/ « J’ai perdu le contrôle et je mange sans avoir faim »

La semaine prochaine, nous allons voir le dernier stade de ce que le docteur Zermati appelle la restriction cognitive. Nous verrons entre autres :

  • Pourquoi les “mangeurs restreints” (cette appellation vient de l’expression “restriction cognitive”) sont très nombreux et pourquoi certains devraient essayer de prendre du poids plutôt que d’en perdre.
  • Quelles sont les 3 grandes catégories de mangeurs qui ont perdu le contrôle de leur alimentation.
  • Pourquoi la relation que le mangeur entretient avec les aliments n’est qu’une facette des problèmes de poids.

Avez-vous des commentaires, des remarques ou des questions ? Ecrivez-les ci-dessous dans la partie « commentaires » !
A la semaine prochaine ! 😉

Cet article est le troisième d’une série d’article, dont voici les 2 précédents :

Crédit photo : Fotolia.com

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Didier Henry

De formation "juridico-économique", j'ai grandi dans une famille de médecins et je suis aujourd'hui graphiste. Un parcours santé inhabituel m'a donné l'idée de créer ce blog. Mon "credo" : c'est en apprenant et en comprenant comment fonctionne son corps qu'on parvient à maîtriser ses éventuelles insuffisances. Et c'est en appliquant ce qu'on a appris qu'on se libère de "nos petits malheurs" ;-)

Cet article a 7 commentaires

  1. Rémi

    Merci pour cet article très clair. 🙂

  2. Emmanuelle

    Bonjour,

    Je fais partie des personnes qui se sont prises en main pour perdre beaucoup de poids et je me suis observée pendant tout ce temps (cela fait aussi partie de mon travail professionnel).
    Il ne doit pas y avoir de nourriture interdite, il y a des aliments à retirer de notre alimentation de façon générale (tous les aliments chimiques et très transformés) et au plan individuel. Dans ce dernier cas, il vaut mieux faire confiance à notre ressenti et il est bon d’aller faire les courses quasiment au jour le jour, car une personne qui prend le temps de s’observer, va savoir ce dont elle a envie ce jour là.
    De plus, certains aliments ne nous conviennent pas. Par exemple le melon ne me convient absolument pas ! si je dois choisir entre du pain dépeautre et du kamut, je dois préferrer l’épeautre. Egalement, cela m’a pris du temps de détecter les effets de l’un et l’autre sur mon corps.
    Un livre qui m’a guidé au départ, mais qui n’est pas à suivre à la lettre à mon sens : 4 groupes sanguins et 4 modes de vie du Dr Peter J. d’Adamo. Il nous montre bien que nous sommes tous différents face à l’alimentation et à la digestion.

    A bientôt
    Emmanuelle
    http://www.lespaquantique.com/ et les 5 clés pour réduire la facture santé

    1. Didier Henry

      Bonjour Emmanuelle,

      Oui, tout ce que tu dis là est très juste.
      J’ai entendu parler du livre auquel tu fais allusion. L’hypothèse de base est très intéressante. Je viens de le mettre sur ma liste des livres à lire 😉
      Merci pour ton commentaire.

      A bientôt.

  3. Danièle

    Je rejoins les commentaires précédents sur les interdits.
    Pas d’interdits sauf comme le dit Emmanuelle les aliments chimiques et transformés.
    Je connais ce livre qu’une amie m’avait conseillée.
    Elle était du même groupe sanguin que moi et me disait qu’elle se sentait vraiment très bien depuis qu’elle suivait les conseils du Dr Peter J. d’Adamo.
    Manque de chance pour mon groupe sanguin il était préconisé de manger beaucoup de viande.
    Je suis presque végétarienne, je ne mange de la viande que lorsque je ne peux pas faire autrement, lorsque je suis invitée.
    Je n’éprouve pas le besoin d’en manger et si je dois manger des protéines je choisis des noix, les œufs de mes poules les légumineuses, etc…
    Personnellement comme je pratique le yoga j’ai une alimentation Ayurvédique.
    Ceci pour dire que nous sommes effectivement très différents les uns des autres.
    Ce qui fonctionne pour l’un ne fonctionne pas pour l’autre.
    Surtout n’arrêtez pas de manger !

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